ÉGLISE SAINT GERMAIN

L’église paroissiale de Nercillac fut autrefois un prieuré. Construite sur un promontoire et près de la Soloire, elle domine le village. A cette époque nous sommes dans le diocèse de Saintes.
 Elle a été consacrée en 993 (c’était l’époque du règne de Hugues Capet ) par Islon évêque de Saintes accompagné de son frère Grimoard de Mucidan évêque d’Angoulême.

L’évêque de Saintes pour venir consacrer l’église de Nercillac, a dû emprunter la Via Agrippa, le chemin romain qui reliait Saintes à Limoges et Lyon et qui passe à l’Ouest de Nercillac (partie de la route de Cherves ).
Le prieuré était rattaché à l’abbaye de Bassac : c’était l’abbé de Bassac qui nommait les prieurs.
Eglise de Nercillac

Les moines de ces deux monastères étaient des Bénédictins.
Bassac, construit en 1002 sur un terrain appartenant au seigneur de Jarnac, dépendait non de l’évêque mais directement du Pape à Rome. C’était une abbaye très importante et très ancienne.
On ne sait pas quand les moines sont partis du prieuré de Nercillac. Il y a peu d’informations jusqu’aux XVIIème et XVIIIème siècle si ce n’est le nom des prieurs (à partir de 1451) et des desservants (à partir de 1525).
Il y avait donc, à la fin du Xème siècle, un village suffisamment important pour justifier la construction d’une église. Mais nous ignorons qui a donné le terrain et qui a financé la construction. En général, il s’agissait d’un seigneur voisin.
C’est l’époque (XIème, XIIème, XIIIème siècle) où la France se couvre d’églises romanes et notre région en est particulièrement bien pourvue. [Eglise de Nercillac]

Songeons à ce que représentait l’église pour le paroissien médiéval : il y venait quotidiennement. C’était un lieu sacré mais aussi un lieu de rassemblement. Jusqu’à la Révolution les décisions importantes, pour la gestion temporelle de la paroisse se prenaient devant la porte de l’église après la messe dominicale : par exemple la répartition de la taille entre les habitants (source souvent de conflits), la réparation de l’église, des chemins, la nomination d’un instructeur de la jeunesse (instituteur) etc ….

Le village était essentiellement agricole avec quelques artisans. Il y avait aussi beaucoup de forêts.
Au XVIIIème siècle, il y eut successivement comme curé Pierre Dalidet, puis Pierre Thevenin et René Mirambeau. Celui ci resta à Nercillac durant 40 ans et il a laissé des traces dans les archives.
Un courrier de Simon de la Corée évêque de Saintes au prieur de Nercillac l’abbé de Girac vicaire général à Angoulême, en date environ de 1760 fait état des difficultés de ce curé avec les habitants. (1)

Le curé Mirambeau est un personnage. Il a laissé rien moins que trois testaments en 1764, 1788 et 1789. A titre personnel il avait des biens : notamment une ferme à La Pichonnerie (acte 18-12-1769) qu’il a affermé à un nommé François Barreau. Un terrain à bâtir lui a été vendu par Clément Fé du Tillet le 17 juin 1789.
Dans son 3ème testament il désigne Joseph Chevallier son vicaire comme successeur pour la cure de Nercillac. Il est décédé en 1789 à 70 ans.
Un procès verbal a été rédigé lors de la prise de possession par l’abbé Joseph Chevalier de la cure et de l’église de Nercillac après la mort de René Mirambeau, par acte notarié (Me Léger notaire à Nercillac) du 28-12-1789.

Le prieuré St Germain avait en propriété des terres, des métairies, des bois et aussi recevait des rentes de propriétaires soumis à l’hommage auprès du prieur : notamment de la part des Fé du Tillet pour un moulin à eau sur la Soloire.
En 1788 les revenus de ces biens plus la dîme sont estimés à 1320 livres et en 1790 à 1897 livres (P.V.inventaire pour vente bien national).
Cette propriété était affermée : c’est ainsi qu’on trouve trace d’un affermage à Me André Bernard notaire à Cognac, des terres maison et bâtiments agricoles du prieuré de Nercillac (qui le donnait à travailler à un fermier) moyennant 550 livres par an pour 9 ans à partir de la St Jean 1763.
Un document du 19 avril 1784 est un contrat passé entre le prieur de Nercillac et le curé Mirambeau d’une part et l’abbé Cauroy prieur de Montours d’autre part. Par ce contrat les 2 parties donnent leur point de vue sur leurs prétentions au droit de lever la dîme sur le territoire de la paroisse dont une partie dépend du prieuré de Montours. Ils définissent donc d’un commun accord le partage de cet impôt. Le prieur de St Germain se désiste de ses prétentions sur la dîme de la métairie de Montours et tout ce qui est à l’intérieur de la circonscription de ce prieuré, à l’exception d’un quart de dîme qui revient à Nercillac. Le prieur de Montours, de son côté, se désiste de la dîme due pour la pièce de terre de la Croix Mougne.

Ce fut ensuite les événements de la Révolution. En 1789, avec la Révolution se produit une cassure historique. Le peuple français se cherche une autre manière de fonctionner.
Le 4 août 1789 les membres de l’Assemblée Constituante prennent la décision fondamentale, jamais remise en cause depuis, de mettre fin à la société aristocratique, d’abolir tous les privilèges de la noblesse et du clergé et de créer le début d’une société d’individus libres et égaux. [eglise Nercillac]
Dans ce contexte quelle va être la vie religieuse et que va devenir le prieuré et l’église de Nercillac ainsi que le prieur et le curé ?
-1) D’une part tous les biens appartenant aux nobles mais aussi dépendant des abbayes, des prieurés ou des églises vont devenir bien national et vont être vendus aux enchères.
En ce qui concerne le prieuré St Germain, l’église étant paroissiale ne sera pas touchée. Le domaine en dépendant sera vendu par acte du 21 janvier 1791 en 3 lots pour un montant de 2970 livres à Jacques Ranson, René Léger et Jacques Labrousse. Voilà pour les biens.
En compensation l’Etat versait une pension aux curés car ils n’avaient plus aucun revenu.
-2) D’autre part, l’église étant très liée au pouvoir des nobles, il sera demandé dans un 1er temps, aux prêtres de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé ce qui révolutionnait profondément les structures de la vie religieuse. Le curé de Nercillac Joseph Chevallier, comme les ¾ du clergé charentais, prête serment de fidélité à la Nation, à la Loi et au Roi. Mais bientôt, le clergé dit « constitutionnel » allait être conduit à cesser toutes fonctions sacerdotales. Fin 1793 le culte public est aboli en Charente comme dans tout la France. Les curés sont obligés d’abdiquer ou de se cacher et s’enfuir . Ils remettent aux autorités leurs lettres de prêtrise. Nombreux sont ceux qui se marièrent.
L’église de Nercillac fut fermée. Le curé Joseph Chevallier qui avait prêté serment à la Constitution et avait présidé la création de la 1ère municipalité au cours de laquelle François Gourson a été élu maire, dut quitter ses fonctions.
Il existait à Cognac une Société Populaire des Amis de la Constitution affiliée au club des Jacobins de Paris : elle avait pour but d’aider la mise en place de la Constitution française . Les citoyens qui y participent font figure de « révolutionnaires » : ils pousuivirent notamment les prêtres réfractaires (n’ayant pas prêté serment) . Pendant l’été 1791 plusieurs curés dont celui de Nercillac adhèrent à cette Société, persuadés que révolution et religion ne sont pas incompatibles.

[Eglise de Nercillac]
Mais , à partir de 1793 de nouveaux cultes révolutionnaires sont crées (l’Être suprême, la déesse Raison ) création du decadi. Etc……
Que devient Joseph Chevallier curé de Nercillac ? Il a abdiqué le 5 décembre 1793.
L’église a donc été fermée à ce moment là, les cultes étant abolis .
Quand l’église a t elle été réouverte ?
Un Concordat a été signé entre Napoléon et le Pape le 15 juillet 1801 : les églises sont à nouveau des lieux de culte . Il semble que l’église St Germain ne l’a pas été tout de suite. Le 1er curé à Nercillac est J.F.Machenaud en 1805 ;
Quant au prieur nous ignorons ce qu’il est devenu.
Ce fut une période extrêmement trouble.
Beaucoup plus tard une autre période a été très importante et a divisé les citoyens : ce fut celle de la loi du 9 décembre 1905 qui a proclamé la séparation de l’Eglise et de l’Etat . Notre église est alors devenue la propriété de la commune de même que le presbytère.
Au 19éme et au 20ème siècle il y eut parfois de longues périodes sans prêtre. Notre dernier curé ,a été le Père Noël Fèvre ; quand il est arrivé en 1985, nous n’avions plus de prêtre depuis environ 25 ans . Une grande fête a eu lieu lors de son arrivée. Il est décédé en 1998 .